Métropole Européenne de Lille, service Archives
13 avril 2022
Master-PCEP_cours-de-cartographie-sensible_Quentin-LEFEVRE_place-des-femmes-dans-lespace-public-marchand-a-Nanterre_-groupe-1
Master 2 PCEP (2022) « La place des femmes dans l’espace public marchand à Nanterre »
17 juillet 2023

Workshop sur les relations femme/homme et ville/nature dans l’espace public (Strate)

Ce workshop de cartographie sensible est organisé depuis 2 ans pour les étudiant.e.s de 4ème année du département Design d’Espace de Strate École de design à Paris. Il se déroule sur une semaine, à leur retour de séjour à l’étranger. Cette année il a eu lieu du 7 au 11 février 2022.

Il est très important que les étudiant.e.s concepteurs/designers – et plus encore en design d’espace – soient familiarisés avec les outils et méthodes de la cartographie sensible. En effet ce sont eux qui demain devront mieux prendre en compte l’expérience vécue par les usager.è.s et pourquoi pas aller jusqu’à la mettre au centre du processus de conception (voir la notion d’UX urban design et cet article publié sur le sujet) .

 

1- Conception et déroulement du workshop de cartographie sensible

 

Le workshop s’est déroulé en trois temps :

1/Échanges sur la cartographie sensible et sur le sujet que je leur ai proposé,

2/Terrain sur une demi-journée,

3/Travail en salle avec analyse et traitement des données récoltées puis rendu du diagnostic et de la carte sensible réalisée par chaque groupe.

 

Choix du sujet, les relations femme/homme dans l’espace public et le rapport ville/nature :

J’ai choisi ces deux sujets car ils constituent des enjeux de la ville et de l’espace public contemporains.

Le rapport femme/homme dans l’espace public peut parfois étonner des personnes qui n’ont jamais pensé à cette question… les étudiant.e.s eux-mêmes ont eu au premier abord une mine d’étonnement quand je leur ai proposé ce sujet. Puis quand j’ai rappelé les enjeux sociétaux contemporains d’équité femme-homme, mais aussi les questions liées au sentiment de sécurité en ville et plus particulièrement dans les transports publics (1), alors l’adhésion des étudiant.e.s a été assez rapide !

(1) un rapport du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) de 2015 montre que « 100% des utilisatrices des transports en commun ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou agressions sexuelles »… (source, voir aussi)

C’est un sujet qui personnellement me touche et je crois que la société gagnerait à ce que plus d’hommes s’emparent de cette question, car il ne s’agit pas d’une lutte des femmes contre les hommes mais plutôt de comment chaque personne peut se sentir bien dans l’espace public. Il est d’ailleurs prouvé que plus les personnes pouvant être considérées comme vulnérables se sentent bien dans la ville, plus chacun s’y sent bien.
Des études expliquent clairement comment la fabrique de la ville contemporaine est encore beaucoup trop pensée « par les hommes et pour les hommes » (2). Des associations militent d’ailleurs depuis des années sur ces sujets comme Genre et Ville ou Womenability dont j’avais convié la co-fondatrice Audrey Noelter à venir échanger avec les étudiant.e.s il y a déjà plusieurs années.

(2) Voir l’ouvrage d’Yves Raibaud, La ville faite par et pour les hommes, Belin, 2015 (sur le site de la Fnac)

Sur le rapport ville/nature, il n’est pas besoin de trop expliquer l’intérêt du sujet… La grande majorité des étudiant.e.s d’aujourd’hui ont une conscience environnementale beaucoup plus aigüe que leurs ainés (conscience qui décroit avec l’âge… malheureusement). Les récentes prises de paroles très engagées – voir militantes – de jeunes diplômé.e.s de grandes écoles parisiennes (3) en sont une preuve marquante.

(3) par exemple le récent discours d’étudiant.e.s d’AgroParisTech lors de leur remise de diplôme (article sur Novethic.fr)

 

Protocole d’enquête, « cardo-decumanus » :

Les étudiant.e.s ont été répartis en 4 groupes ; 2 sur le rapport ville/nature, et 2 sur le rapport femme/homme dans l’espace public.

J’ai proposé aux groupes d’avoir pour terrain d’enquête les axes historiques romains qui ont fondé la ville de Paris nouvellement conquise (il y 2000 ans rappelons-le). Le CARDO constitue alors l’axe Nord/Sud de la ville (il s’agit de la rue Saint-Jacques) et le DECUMANUS l’axe Est-Ouest.

Les 4 groupes partent en même temps du parvis de Notre-Dame (« point zéro » des routes françaises) et doivent aller jusqu’au périphérique en passant par une rue que je leur indique.

Chaque trajet prend théoriquement environ une heure de marche classique mais puisque les étudiant.e.s doivent observer/analyser le milieu urbain et considérer la thématique donnée, ils prendront 2/3 heures pour le parcourir. J’ai accompagné le groupe 1.

CARDO (axe nord-sud) : Relations Ville-Nature
Groupe 1 : Porte de la Chapelle (par la Rue St-Denis) – sur Google Maps
Groupe 2 : Maison des étudiants de l’Asie du Sud Est (par la Rue St-Jacques) – sur Google Maps

DECUMANUS (axe est-ouest) : Relations Femme-Homme
Groupe 3 : Porte des Ternes (par la Rue du Faubourg St-Honoré) – sur Google Maps
Groupe 4 : Porte de Vincennes (par la Rue de Rivoli) – sur Google Maps

 

 

2- Résultats du workshop de cartographie sensible

 

L’ensemble des travaux menés par les 4 groupes ont été très satisfaisants. Les éléments rapportés ont été souvent très originaux et proposent un regard réellement pertinent sur l’espace public parisien tel qu’il est vécu par ses habitant.e.s. Les cartes sensibles produites ont été également très originales et pertinentes.

Certains projets auraient mérité une publication dans une revue en ligne mais malgré l’enthousiasme des étudiant.e.s, ce projet n’a pu aboutir pour le moment. La présente publication sur mon site internet constitue déjà une forme de valorisation et de partage du travail produit.

 

Diagnostic et carte sensible élaborée par le groupe 1, sur le rapport Ville/Nature :

Groupe constitué par : Justine Lenoble, Oriane d’Harcourt, Luna Zweig, Jonathan Lau et Armand Dessale.

Questions conclusives soulevées par le groupe :
_Comment recréer une expérience de la nature en ville avec des une combinaison d’éléments aussi bien naturels qu’artificiels ?
_Comment les magasins utilisent la nature comme moyen d’évasion et de séduction ?
_Comment la dynamique du quartier influence son environnement et la nature qui s’y trouve ?

Extraits de leur présentation :

 

Diagnostic et carte sensible élaborée par le groupe 3, sur le rapport Femme/Homme :

Groupe constitué par : Capucine Vannier, Eléonore Blazy, Marie Pierron, Tassiana Laurre, Clémence Escallier et Alix Manquin.

Questions conclusives soulevées par le groupe :
_Est-ce que la typologie des lieux engendre forcément un changement des comportements dans l’interaction homme/femme?
_Pourquoi les femmes devraient-elles se sentir à l’abri seulement dans les rues les plus aisées ?
_Comment représenter la femme dans la rue au delà de la beauté, du luxe et de la mode ?

Extraits de leur présentation :