Atelier de « Cartographie sensible relationnelle » – ANR Mobiles, Lyon
6 novembre 2021
Workshop sur les relations femme/homme et ville/nature dans l’espace public (Strate)
10 août 2022

Métropole Européenne de Lille, service Archives

J’ai accompagné pendant 6 mois le service Archives de la Métropole Européenne de Lille (MEL) entre septembre 2021 et juin 2022 sur deux projets originaux et exploratoires de cartographie subjective participative, sur deux territoires de la MEL ; Armentières (Projet 1) et Englos, Prémesques et Ennetières-en-Weppes (Projet 2).

Présentation sur le site des Archives de la MEL : https://archives.lillemetropole.fr/n/cartes-subjectives/n:419

« Un projet d’archives du présent dans les territoires de la MEL. Comment vivait-on le territoire de la métropole lilloise dans la première moitié du XXIe siècle ? Quel patrimoine lui donnait du sens aux yeux de ses habitants ? Les métropolitains se poseront peut-être cette question dans 30 ou 50 ans, ou plus tard encore. Pour y répondre, les Archives se sont lancées dans une collecte d’archives du temps présent… sous forme de cartes.
Qu’est-ce qui fait patrimoine ? Selon l’époque et les personnes, leur âge ou l’endroit où elles habitent, la réponse à cette question ne sera pas identique. Les Archives de la MEL ont souhaité collecter des témoignages pour répondre à cette question. Qu’est-ce qui fait patrimoine sur les territoires de la MEL dans les années 2020, selon ses habitants ?« 

 

Projet 1  : Cartographie subjective d’Armentières

 

La carte est constituée par l’ensemble du document. L’ensemble des informations y figurant sont issues d’une manière ou d’une autre de perceptions du territoire communal exprimées directement par les habitant.e.s.

Au centre figure une carte mentale collective élaborée d’un atelier présentiel avec les habitant.e.s. Sur cette carte figurent à la fois des éléments linéaires mentalement structurants du territoire (rivière, voirie, voie ferrée), des lieux précis, des quartiers, le nom des voies ainsi que des souvenirs ou anecdotes associés (figurés en italique). La couleur verte employée correspond à certaines réponses à la question « Si la ville était une couleur, laquelle serait-elle? ».

Autour de la carte mentale figurent des illustrations de lieux de la ville qui sont ressortis via le questionnaire en ligne. Ces éléments sont disposés de haut en bas ou de gauche à droite en fonction de leur occurrence dans le questionnaire (réponses consolidées issues du groupe jeune et du groupe senior). Quatre catégories de lieux apparaissent ; les repères du territoire, les lieux aimés, les lieux mal-aimés et les lieux considérés comme patrimoniaux par les habitant.e.s. Chaque lieu illustré est doté d’un numéro qui permet de le localiser sur la carte mentale. L’intention dans la réalisation et l’utilisation des illustrations est d’esthétiser et d’harmoniser des images de statuts et de contrastes différents. Aussi le fait de réinterpréter de manière contemporaine et graphique des images patrimoniales participe de leur re-projection dans un présent réactualisé et performatif.

Le bord extérieur de la carte, constituant une forme de méta-carte ou de méta-géographie (à la manière des cartes pré-modernes*), expose principalement les perceptions des habitant.e.s ayant répondu au questionnaire. Figurent aussi en bas à droite des anecdotes liées à deux éléments iconiques du territoire (un de nature événementielle, un de nature géographique) et récoltées lors de l’atelier présentiel n°1 avec les habitant.e.s participant.e.s. Les données sont organisées en nuages de mots dont la hiérarchie est proportionnelle aux occurrences du questionnaire. Les données sont divisées en deux groupes de réponses ; celles du groupe Junior – 20 à 40 ans (en jaune orangé) et celle du groupe Senior – 60 à 80 ans (en vert d’eau). Les données sont organisées de manière à faire dialoguer les deux groupes de réponses (soit par similitude/attraction, soit par différence/éloignement).

Ce projet, qui peut paraître simple en apparence, relève d’une assez grande complexité – en termes d’ingénierie de l’intelligence collective – dans sa conception et sa mise en œuvre et est assez original dans le vaste champ de la cartographie sensible.

La carte a été présentée au Congrès de l’Union Géographique Internationale (UGI) à Paris en juillet 2022, au sein d’une session portant sur l’objectivation des cartes mentales et sensibles (Objectifying Mental And Sensitive Maps).
Titre de ma présentation : « Cartographie subjective du territoire de la Métropole Européenne de Lille ; une archéologie participative du présent. »

*c’est à dire datant d’avant l’invention de la cartographie rationnelle et scientifique apparue au XVIème siècle, concomitamment aux explorations européennes préalables aux siècles d’esclavage puis de colonisation.

Projet documenté ici sur le site des Archives de la MEL : https://archives.lillemetropole.fr/n/carte-subjective/n:107
Et là sur le site des Archives de la Ville d’Armentières : https://archives.ville-armentieres.fr/Decouvertes/p1854/La-carte-subjective-d-Armentieres

 

Projet 2  : Cartographie subjective d’Englos, Prémesques et Ennetières-en-Weppes

 

A gauche figure une carte mentale du centre bourg d’Ennetières-en-Weppes dessinée par 4 enfants du Conseil Municipal des Enfants. Au cours d’un atelier présentiel, les enfants ont dessiné les éléments importants du centre du village, sur une feuille blanche format A0. Puis l’auteur de la carte a redessiné les éléments mentionnés par les enfants sur un fond de plan constitué par une photo satellite.

A gauche et à droite de la carte sont indiqués les lieux du village considérés comme aimés et patrimoniaux du village par les participant.e.s au questionnaire en ligne.

En bas figure une carte du village d’Englos qui montre les principaux lieux fréquentés par les 22 enfants de la classe de CM1-CM2 de l’école Maud Fontenoy. Au cours d’un atelier présentiel, les enfants ont répondu à la question « quels sont les lieux que vous fréquentez dans le village ? ». L’auteur a trié les lieux par ordre d’importance décroissant puis les a replacés sur une carte redessinée sur une photo satellite. Les lieux les plus récurrents sont affichés en plus gros sur la carte.

En haut à droite figure une carte mentale du village de Prémesques issue de deux cartes mentales réalisées par les 16 participant.e.s de l’association Les Cafés Conviviaux. Lors d’un atelier présentiel, les habitant.e.s ont dessiné sur des feuilles blanches au format A0, dans un premier temps les éléments du village relevant du passé (figurés en vert), puis les éléments du village relevant du présent (figurés en bleu). L’auteur de la carte a redessiné les éléments mentionnés sur un fond de plan constitué par une photo satellite.

Les flèches bleues pointillées figurent la circularité entre les villages telles que décrite par les participant.e.s aux trois ateliers.

Cette carte dessine trois mondes tels que perçus par ses habitant.e.s, c’est à dire trois cosmologies ainsi les liens d’usage entre ces trois mondes.
Cette carte a été présentée lors d’une journée d’étude sur le Mouvement à l’Université Bordeaux Montaigne en avril 2022, ainsi qu’au Congrès de l’Union Géographique Internationale (UGI) à Paris en juillet 2022, au sein d’une session portant sur l’objectivation des cartes mentales et sensibles (« Objectifying Mental And Sensitive Maps« ). Titre de ma présentation : « Cartographie subjective du territoire de la Métropole Européenne de Lille ; une archéologie participative du présent. »

Projet documenté ici sur le site des Archives de la MEL : https://archives.lillemetropole.fr/n/ennetieres-en-weppes-premesques-englos/n:420