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Recherche POPSU Territoires / Château-Thierry

Au cours de l’année 2019 j’ai contribué à une recherche en urbanisme et aménagement du territoire intitulée POPSU Territoires. Cette recherche est financée par le PUCA (dépendant des ministères de l’Écologie et de la Cohésion des territoires) en partenariat avec la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.

L’objet de cette recherche est de réaliser des études de cas sur des petites villes françaises, et nous concernant d’étudier les relations entre politiques culturelles et aménagement du territoire à Château-Thierry, ville de 15 000 habitants située dans l’Aisne entre Paris et Reims. Nous avons investigué l’histoire et la dynamique d’un tiers-lieu culturel et artistique appelé U1. Ce pôle culturel au fort rayonnement à la fois local et régional s’est co-construit via une impulsion d’acteurs privés et ensuite pris en charge par la collectivité. Il s’agit d’anciens bâtiments industriels des usines Belin reconvertis dans les années 1990.

Mon rôle a été de réaliser l’étude de terrain et les analyses avec Florian Guérin. J’ai plus particulièrement travaillé sur les entretiens semi-directifs avec les acteurs culturels visant à comprendre leurs systèmes de relations ainsi que sur la mise en œuvre d’une approche de diagnostic sensible de la ville par ses habitant.e.s.

Nous avons été accompagnés du plasticien vidéaste Lucas Bonnel qui réalise un film documentant le processus de recherche. Nous avons également conçu tous les trois une exposition qualitative et artistique qui a permis de partager de manière interactive notre recherche aux habitant.e.s pendant 1 mois.

Un court film illustrant la recherche a été réalisé par l’agence CAPA.

 

 

Vue depuis les quais de la Marne vers le centre ancien et le château (aujourd’hui disparu).

 

 

 

L’espace culturel U1, une colocation d’activités artistiques et culturelles située en lieu et place d’une ancienne usine de biscuits qui a marqué l’histoire locale

 

L’histoire de la création de U1, c’est celle d’une co-construction publique-privée lancée à l’initiative de la société civile et pas non d’une volonté municipale. C’est une construction organique, une création opportuniste née d’un concours de circonstances qui n’est pas l’expression originelle d’une volonté publique planifiée, mais née de la proposition de l’entreprise propriétaire du site d’en faire un projet socio-culturel. L’espace vacant a créé un appel d’air de projets associatifs (et de micro-entreprises) en recherche de locaux.

Dans un deuxième temps, celui de l’institutionnalisation, il y a une forme de transfert de l’initiative à la mairie. Le pôle est alors municipalisé et le site racheté par la ville.

 

 

1- Diagnostic sensible du territoire

 

Les cartes suivantes figurent les perceptions du territoire de Château-Thierry d’après ses habitant.e.s (50 répondant.e.s à un questionnaire en ligne).

LIEUX REPÈRES :

LIEUX AIMÉS :

LIEUX NON AIMÉS :

 

SYNTHESE :

 

Une maquette de physicalisation des données a été réalisée pour l’exposition organisée à la médiathèque de Château-Thierry à l’occasion du séminaire-forum avec les habitant.e.s, élus, les personnels des ministères et l’équipe de recherche :

Maquette de physicalisation des données de cartographie sensible (conception et réalisation : Q. Lefèvre)

 

2- Systèmes de relations des acteurs culturels

 

La ville se distingue par une offre culturelle très riche pour sa taille. Elle accueille notamment l’Échangeur, un centre de danse contemporaine d’échelle nationale, un des 12 CDCN (Centre de Développement Chorégraphique National) de France et le seul situé en milieu rural.

Suite aux entretiens nous avons pu dresser une cartographie de l’écosystème local des acteurs culturels. Il apparait que la galaxie culturelle locale se focalise autour de deux pôles-mondes ; un « ancien monde » localisé dans le centre ancien (musée Jean de la Fontaine, médiathèque) et le « nouveau monde » situé à U1 (l’Échangeur, la Biscuiterie, le Silo) avec certains évènements ou structures qui servent de pont entre les deux.

U1 est un pôle culturel sans gouvernance propre, ni de programmation ou de véritables projets communs aux structures qui le composent, ni d’identité graphique commune. Elle réunit des structures juxtaposées aux activités (danse, théâtre, boxe) et statuts différents (amateur vs professionnel vs municipal). C’est une forme de colocation d’activités culturelles.
U1 juxtapose des typologies d’acteurs culturels aux échelles/sphères d’influences (ou systèmes de relations) extrêmement différentes, notamment dans la provenance géographique des artistes (le Théâtr’O est hyper local tandis que Échangeur fait venir des artistes régionaux voire internationaux).

 

 

 

Les systèmes de relations des acteurs renseignent également sur leur aire influence et sur leurs interrelations avec des acteurs non culturels et souvent situés hors du territoire. Le caractère non contraignant des relations entre les structures du pôle U1 apparait comme permettant une fluidité relationnelle entre les acteurs et crée un terreau fertile favorable à l’expression de volontés spontanées.

 

Le fait qu’U1 soit une entité sans gouvernance centralisée apparaît à la fois comme un inconvénient (manque de lisibilité, de cohésion du projet) mais aussi comme un avantage (les structures membres sont libres de leurs activités).
Une hypothèse de développement pourrait être de décentraliser U1 via une programmation commune et hors-les-murs de ses structures, à l’image d’un tiers-lieu mobile et déployable, activable de manière évènementielle.

Document PDF reprenant la majeure partie des cartes réalisées.

Photographie aérienne de Château-Thierry