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Recherche POPSU Territoires / Château-Thierry

En 2019-2020, nous avons travaillé sur la première édition du programme de recherche en urbanisme et aménagement POPSU Territoires. Ce programme national est financé par le PUCA (ministères de l’Écologie et de la Cohésion des territoires) en partenariat avec la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.

Avec l’Université de Reims Champagne-Ardenne, notre groupement a souhaité étudier les relations entre politiques culturelles et aménagement du territoire à Château-Thierry, ville de 15 000 habitants située entre Paris et Reims.
Nous avons centré notre étude sur un tiers-lieu culturel appelé U1 situé dans les anciens bâtiments industriels des usines Belin reconvertis dans les années 1990. Ce pôle culturel au fort rayonnement à la fois local et régional s’est co-construit suite à l’impulsion d’acteurs privés et a ensuite été pris en charge par la collectivité.

Mon rôle a été de réaliser avec Florian Guérin l’étude de terrain et les analyses. J’ai plus particulièrement travaillé sur la documentation des systèmes de relations des acteurs culturels ainsi que sur un travail de cartographie sensible participative, montrant la ville telle qu’elle est perçue par ses habitant.e.s.

L’artiste vidéaste Lucas Bonnel a réalisé un film de 52 min sur le processus de recherche, intitulé « Grandes lignes et petites vibrations ». Un court film de promotion de la recherche a été réalisé par l’agence CAPA. Nous avons conçu tous les trois (avec Florian et Lucas) une exposition à la médiathèque de Château-Thierry qui a permis de partager de manière interactive notre recherche aux habitant.e.s pendant 1 mois.

 

 

Vue depuis les quais de la Marne vers le centre ancien et le château (aujourd’hui disparu).

 

 

 

L’espace culturel U1, une colocation d’activités artistiques et culturelles située en lieu et place d’une ancienne usine de biscuits qui a marqué l’histoire locale

 

L’histoire de la création de U1, c’est celle d’une co-construction publique-privée lancée à l’initiative de la société civile et pas non d’une volonté municipale. C’est une construction organique, une création opportuniste née d’un concours de circonstances qui n’est pas l’expression originelle d’une volonté publique planifiée, mais née de la proposition de l’entreprise propriétaire du site d’en faire un projet socio-culturel. L’espace vacant a créé un appel d’air de projets associatifs (et de micro-entreprises) en recherche de locaux.

Dans un deuxième temps, celui de l’institutionnalisation, il y a une forme de transfert de l’initiative à la mairie. Le pôle est alors municipalisé et le site racheté par la ville.

 

 

1- Diagnostic sensible du territoire

 

Les cartes suivantes figurent les perceptions du territoire de Château-Thierry d’après ses habitant.e.s (50 répondant.e.s à un questionnaire en ligne).

LIEUX REPÈRES :

LIEUX AIMÉS :

LIEUX NON AIMÉS :

 

SYNTHESE :

 

Une maquette de physicalisation des données a été réalisée pour l’exposition organisée à la médiathèque de Château-Thierry à l’occasion du séminaire-forum avec les habitant.e.s, élus, les personnels des ministères et l’équipe de recherche :

Maquette de physicalisation des données de cartographie sensible (conception et réalisation : Q. Lefèvre)

 

2- Systèmes de relations des acteurs culturels

 

La ville se distingue par une offre culturelle très riche pour sa taille. Elle accueille notamment l’Échangeur, un centre de danse contemporaine d’échelle nationale, un des 12 CDCN (Centre de Développement Chorégraphique National) de France et le seul situé en milieu rural.

Suite aux entretiens nous avons pu dresser une cartographie de l’écosystème local des acteurs culturels. Il apparait que la galaxie culturelle locale se focalise autour de deux pôles-mondes ; un « ancien monde » localisé dans le centre ancien (musée Jean de la Fontaine, médiathèque) et le « nouveau monde » situé à U1 (l’Échangeur, la Biscuiterie, le Silo) avec certains évènements ou structures qui servent de pont entre les deux.

U1 est un pôle culturel sans gouvernance propre, ni de programmation ou de véritables projets communs aux structures qui le composent, ni d’identité graphique commune. Elle réunit des structures juxtaposées aux activités (danse, théâtre, boxe) et statuts différents (amateur vs professionnel vs municipal). C’est une forme de colocation d’activités culturelles.
U1 juxtapose des typologies d’acteurs culturels aux échelles/sphères d’influences (ou systèmes de relations) extrêmement différentes, notamment dans la provenance géographique des artistes (le Théâtr’O est hyper local tandis que Échangeur fait venir des artistes régionaux voire internationaux).

 

 

 

Les systèmes de relations des acteurs renseignent également sur leur aire influence et sur leurs interrelations avec des acteurs non culturels et souvent situés hors du territoire. Le caractère non contraignant des relations entre les structures du pôle U1 apparait comme permettant une fluidité relationnelle entre les acteurs et crée un terreau fertile favorable à l’expression de volontés spontanées.

 

Le fait qu’U1 soit une entité sans gouvernance centralisée apparaît à la fois comme un inconvénient (manque de lisibilité, de cohésion du projet) mais aussi comme un avantage (les structures membres sont libres de leurs activités).
Une hypothèse de développement pourrait être de décentraliser U1 via une programmation commune et hors-les-murs de ses structures, à l’image d’un tiers-lieu mobile et déployable, activable de manière évènementielle.

Document PDF reprenant la majeure partie des cartes réalisées.

Photographie aérienne de Château-Thierry