Pendant l’été 2024, nous avons fait une recherche sur les perceptions de l’espace public à Lomé avec Parmenas Awudza, un jeune photographe togolais (sur Instagram).
Je connais Parmenas depuis quelques années. Nous nous sommes rencontrés à la fin de mon premier séjour au Togo 2022, puis nous avons travaillé ensemble (ainsi qu’avec Luccia Anyomi) sur une exposition photographique collective intitulée « Espace public et appropriations habitantes. Regards croisés sur Lomé et Cotonou », organisée à la galerie Echomusée (Paris 18e) en décembre 2023.
Depuis, Parmenas a séjourné 9 mois en France à Lyon. Un séjour qui a stimulé son questionnement sur l’espace public et sur la manière dont il est vécu et aménagé. En effet, toute personne qui a navigué entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest pourra se rendre compte des spécificités spatiales, d’usages, de perceptions et d’appropriations inhérentes à chacune de ces réalités. Plaquer un modèle urbain sur un contexte ontologiquement différent n’aurait pas de sens. C’est ce que nous apprend toute l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme du XXe siècle.
C’est aussi tout le propos des chercheurs critiques de la notion de développement telle que promue par la pensée moderne occidentale. A ce sujet, lire l’excellent ouvrage « Sentir-penser avec la Terre » (Babelio, 2018) de l’anthropologue Arturo Escobar.
Ainsi, un simple séjour touristique dans un pays étranger ne saurait permettre au visiteur de comprendre en profondeur les attachements (pour reprendre une terminologie chers aux porteurs de la « redirection écologique » / à ce sujet, lire A. Monnin ; ICI, LA ou LA), les affects, ou encore les raisons personnelles, collectives et culturelles qui font que les rues d’une ville sont ainsi constituées et vécues.
Pendant 3 semaines, nous nous sommes baladés, nous avons rencontré diversité de personnes de profils, d’histoires et de perceptions différentes de l’espace public. Quand nous avons échangé pour la premier fois du projet avec Parmenas, l’idée d’un magazine papier est apparue comme évidente, puisque ce format, outre le fait qu’il nous sort du tout numérique, a l’avantage de nous offrir une grande liberté dans le contenu proposé, que ce soit du texte, des images, des illustrations, à l’image des belles éditions de la librairie OFR. à Paris.
Le magazine constitue une forme de cartographie sensible de la ville, qui restitue une quinzaine de fragments d’expériences des rues de Lomé et des alentours. Cette manière libre et multiscalaire de raconter la ville correspond mieux à l’expérience directe que l’on en a. Ainsi les lecteurs/trices sont plus efficacement (re)projetés dans les rues de Lomé que s’il s’agissait simplement d’un ouvrage contenant simplement des textes ou même des plans, cartes ou uniquement des photographies. L’hypothèse qui est ici formulée et testée est que l’agencement de fragments hétéroclites sera plus fidèle et performatif qu’une forme documentaire monographique.
Le magazine propose des illustrations dérivées de motifs typiques la vie dans les rues de Lomé, des histoires d’enfance, des photographies d’activités artisanales, la carte du trajet d’une vendeuse ambulante ou encore des extraits de conversations de rue parfois humoristiques.
Extraits du magazine :
Le magazine papier est distribué à Lomé, Cotonou et Paris.
Ce travail a vocation à se poursuivre, avec pour objectif la création d’un travail global portant sur les multiples dimensions de l’espace public, ici ou ailleurs.
Merci à Mathilde, Jacques, Toulashi, Kapa, Adrien et sa femme. A nos ami.e.s et à toutes les personnes qui ont croisé notre route lors de cette recherche.
Entretien vidéo de présentation du magazine : https://www.instagram.com/p/C_N5QlCoLyj/
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